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Licenciement pour insuffisance professionnelle : règles clés

Par
Cécile Derouin
05
May
2025
5 min
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Le licenciement pour insuffisance professionnelle constitue un motif non disciplinaire de rupture du contrat de travail à l’initiative de l’employeur. Il repose sur l’incapacité du salarié à exécuter de manière satisfaisante les missions relevant de son poste. Cet article présente les conditions de validité d’un tel licenciement, ses fondements juridiques et les distinctions à opérer avec d’autres motifs de rupture.

Définition et distinction avec d'autres motifs

L’insuffisance professionnelle désigne l'incapacité du salarié à remplir ses fonctions, indépendamment de toute faute ou volonté de nuire. Elle peut résulter d’un déficit de compétences, d’organisation, de rendement ou d’adaptation aux exigences du poste.

Elle se distingue de l'inaptitude (qui résulte d'une incapacité physique d'occuper son poste).

Elle se distingue du licenciement disciplinaire, qui suppose l’existence d’un comportement fautif, et de l’insuffisance de résultats, qui ne constitue pas, en soi, une cause réelle et sérieuse de licenciement si elle n’est pas imputable au salarié.

Typologie de licenciement (disciplinaire ou non disciplinaire)

Conditions de validité du licenciement

Pour être légalement fondé, le licenciement pour insuffisance professionnelle doit reposer sur des faits :

  • objectifs : non subjectifs ou fondés sur des impressions ;
  • précis : identifiables et datés ;
  • vérifiables : pouvant être corroborés par des éléments concrets ;
  • imputables au salarié : indépendants de l’organisation ou des moyens fournis par l’employeur.

L’insuffisance doit traduire une difficulté structurelle à exercer les fonctions prévues, et non une simple défaillance passagère. L'ancienneté ou l'évolution récente dans le poste peuvent être des éléments d’appréciation.

Procédure à suivre

Le licenciement pour insuffisance professionnelle obéit à la procédure de droit commun prévue par le Code du travail :

  1. Convocation à un entretien préalable ;
  2. Entretien au cours duquel le salarié peut s’exprimer ;
  3. Notification du licenciement par lettre motivée, précisant les faits reprochés ;
  4. Respect d’un préavis, sauf dispense.

La lettre de licenciement ne peut se borner à mentionner une “perte de confiance” ou une “mésentente”. Elle doit contenir des griefs matériellement vérifiables.

Illustrations jurisprudentielles

La jurisprudence a admis l'existence d’une cause réelle et sérieuse de licenciement pour insuffisance professionnelle dans les cas suivants :

  • Manque d’organisation d’un responsable ayant provoqué des dysfonctionnements notables du service ;
  • Échecs répétés à une formation obligatoire, après plusieurs tentatives ;
  • Erreurs fréquentes et absence d’adaptation malgré les moyens mis à disposition ;
  • Management inadapté entraînant des tensions internes durables.

À l’inverse, le licenciement est considéré comme sans cause réelle et sérieuse si :

  • les objectifs fixés étaient irréalistes ;
  • l’insuffisance est liée à un défaut de formation ou de moyens ;
  • aucun fait concret n’étaye l’évaluation de l’insuffisance.

Encadrement conventionnel et obligations de l’employeur

Certaines conventions collectives imposent des étapes supplémentaires avant de prononcer un licenciement pour insuffisance professionnelle : entretien de remédiation, avis d’une commission interne, reclassement préalable, etc. Le non-respect de ces dispositions peut entraîner l’irrégularité du licenciement.

En outre, l’employeur est tenu de respecter son obligation légale d’adaptation (article L. 6321-1 du Code du travail). Il ne peut invoquer une incompétence sans avoir donné au salarié les moyens de s’adapter à son poste ou aux évolutions de celui-ci.

Points d’attention sur la motivation du licenciement

La qualification retenue dans la lettre de licenciement est déterminante. Si celle-ci mentionne des manquements aux obligations contractuelles, une abstention volontaire ou une mauvaise volonté délibérée, le licenciement peut être requalifié en licenciement disciplinaire, avec les conséquences procédurales que cela implique.

Il est également exclu de se fonder sur une simple perte de confiance. Celle-ci ne constitue pas une cause réelle et sérieuse, même si elle est objectivement ressentie.

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FAQ - Licenciement pour insuffisance professionnelle

1. L’insuffisance professionnelle est-elle une faute ?

Non. Elle n’a pas de caractère disciplinaire et ne suppose pas de volonté de nuire.

2. Peut-on invoquer uniquement une baisse de résultats ?

Non. Il faut démontrer qu’elle résulte d’une défaillance imputable au salarié.

3. L’employeur doit-il former le salarié ?

Oui. Il doit remplir son obligation d’adaptation avant d’invoquer une incompétence.

4. La procédure de licenciement est-elle particulière ?

Non. Il s’agit de la procédure de licenciement de droit commun, avec entretien préalable et lettre motivée.

5. Les conventions collectives peuvent-elles imposer des étapes supplémentaires ?

Oui. Certaines imposent un entretien spécifique ou une tentative de reclassement avant toute rupture.

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Rupture du contrat
Cécile Derouin
Cécile Derouin est cofondatrice de L'Académie RH. Elle simplifie l'accès au droit social à travers des formations et des contenus pédagogiques notamment sur LinkedIn.

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