Souvent assimilés à tort, le congé sans solde et le congé sabbatique reposent sur des fondements juridiques distincts. Alors que l’un est informel et librement consenti, l’autre est strictement encadré par le Code du travail. Pour les professionnels RH, bien distinguer ces deux types d’absence est essentiel pour sécuriser la gestion des ressources humaines.
Définitions juridiques des deux congés
Le congé sans solde n’est prévu par aucun texte de loi. Il s’agit d’une autorisation d’absence pour convenances personnelles, accordée de manière discrétionnaire par l’employeur. Il peut couvrir une courte durée (demi-journée, journée) ou s’étendre sur plusieurs semaines.
En revanche, le congé sabbatique est un droit encadré par le Code du travail, accessible à certains salariés sous conditions. Il s’inscrit dans une logique de projet personnel (voyage, formation, bénévolat, etc.) et suit des règles précises en matière d’ancienneté, de durée et de formalisme.
On retrouve les dispositions qui encadrent le congé sabbatique dans les articles L. 3142-28 et suivants du Code du travail.

Conditions d’accès et régime d’autorisation
Le congé sans solde est totalement facultatif : l’employeur peut librement accepter ou refuser la demande. Aucun formalisme n’est requis, mais une réponse écrite est recommandée pour des raisons probatoires. En cas de refus, une absence non autorisée peut être assimilée à un abandon de poste.
Le congé sabbatique, en revanche, est un droit conditionnel. Le salarié doit justifier de :
- 6 ans d’activité professionnelle,
- et d’au moins 36 mois d’ancienneté dans l’entreprise (sauf disposition conventionnelle plus favorable).
Il ne doit pas avoir bénéficié, dans les 6 mois précédents, d’un congé sabbatique, d’un congé pour création d’entreprise ou d’un congé de transition professionnelle d’au moins 6 mois.
L’employeur peut reporter le départ sous conditions, notamment en cas d’atteinte à la bonne marche de l’entreprise, mais ne peut refuser arbitrairement s’il remplit toutes les conditions.
Durée, formalisme et suspension du contrat
Le congé sans solde n’a pas de durée légale minimale ou maximale. Sa durée est librement fixée d’un commun accord entre les parties. Il s'agit d'une suspension du contrat de travail, mais le salarié peut renoncer à son départ tant que l’accord écrit de l’employeur n’a pas été émis.
Le congé sabbatique, lui, est soumis à des durées strictes : à défaut de convention ou accord collectif, il dure entre 6 mois et 11 mois maximum. Aucun renouvellement n’est prévu par la loi, sauf accord plus favorable. Le contrat est également suspendu, mais non rompu.
Durant ces absences, l’employeur ne doit pas remettre les documents de fin de contrat, sous peine de requalification en licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Effets sur la rémunération, l’ancienneté et la protection sociale
Les deux congés sont non rémunérés, sauf disposition conventionnelle, usage ou clause contractuelle spécifique.
Dans les deux cas, sauf accord contraire, le salarié ne cumule pas de congés payés et l’absence ne compte pas pour l’ancienneté.
Concernant la protection sociale :
- Le salarié en congé sabbatique ne peut pas bénéficier d’indemnités journalières pendant son congé (assurance maladie), mais conserve l’accès aux prestations en nature via la protection universelle maladie.
- Le salarié peut mobiliser son compte épargne-temps pendant l’un ou l’autre de ces congés.
- Aucune disposition ne permet de débloquer la participation ou l’épargne salariale pendant un congé sabbatique.
Réintégration du salarié et impact pour l’entreprise
À l’issue d’un congé sabbatique, le salarié a droit à retrouver son ancien poste ou un poste similaire, assorti d’une rémunération équivalente. Aucune période tampon ne peut être imposée par l’employeur. Le non-respect de cette obligation peut entraîner une prise d’acte de la rupture du contrat par le salarié, assimilée à un licenciement injustifié.
Un entretien professionnel doit être organisé à l’issue du congé sabbatique, conformément à l’article L. 3142-31 du Code du travail.
En revanche, pour un congé sans solde, aucune obligation légale de réintégration immédiate n’existe, mais le salarié est en droit de réintégrer son poste à la fin de l’absence autorisée.
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Sources :
FAQ
Un congé sans solde peut-il être refusé ?
Oui, l’employeur est libre d’accepter ou non. Il n’existe aucun droit à ce type d’absence.
Un congé sabbatique peut-il être refusé ?
Non, s’il remplit les conditions légales, le congé sabbatique est un droit. L’employeur peut seulement le reporter.
Le salarié en congé sabbatique conserve-t-il ses droits ?
Non, le contrat est suspendu : pas de salaire, pas de congés payés, ni d’indemnités journalières maladie.
Quelles différences en matière de durée ?
Le congé sabbatique dure de 6 à 11 mois ; le congé sans solde est fixé librement.
Faut-il réintégrer immédiatement un salarié ?
Pour le congé sabbatique, oui. Pour le congé sans solde, cela dépend des modalités convenues.